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Bore-out : comment identifier les symptômes et sortir de l'épuisement professionnel par l'ennui au travail


salarié avachi sur son bureau en plein bore out

Le syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui, communément appelé bore-out, touche aujourd'hui de nombreux travailleurs. Contrairement au burn-out qui résulte d'une surcharge de travail, le bore-out provient paradoxalement d'un manque d'activité professionnelle. J'ai récemment accompagné une entreprise dont plusieurs services avaient subi des réorganisations successives, laissant des employés qualifiés sans missions clairement définies. Après quelques mois, les signaux d'alerte étaient flagrants : désengagement, baisse d'énergie et sentiment d'inutilité. Ce phénomène, loin d'être anecdotique, concerne environ 8% des salariés français et un travailleur européen sur trois serait touché par l'ennui au travail. Reconnaître les symptômes et comprendre les mécanismes de ce syndrome permet de mieux l'appréhender et d'y remédier efficacement.


Qu'est-ce que le bore-out et comment le distinguer des autres formes d'épuisement professionnel


Le terme bore-out dérive de l'anglais "boredom" (ennui) ou "to bore" (s'ennuyer). Ce syndrome d'épuisement par l'ennui se manifeste lorsqu'un salarié subit une sous-charge de travail chronique ou effectue des tâches dénuées de stimulation intellectuelle. Il figure désormais au tableau des risques psychosociaux professionnels, au même titre que d'autres formes de souffrance au travail.


Lors de mes interventions en entreprise, j'observe fréquemment la confusion entre différents syndromes d'épuisement. Le bore-out se distingue clairement du burn-out, son opposé direct causé par une surcharge de travail. Il diffère également du brown-out, caractérisé par une perte de sens professionnel où l'employé reste actif mais ne trouve plus de valeur dans ses missions. Ces trois syndromes partagent néanmoins un point commun : ils engendrent une souffrance réelle liée à l'environnement professionnel.


Les terrains fertiles du bore-out se trouvent souvent dans les organisations ayant subi de multiples restructurations. J'ai accompagné un cadre supérieur qui, après vingt ans d'ancienneté, s'est retrouvé sans missions claires suite à une fusion d'entreprises. Malgré ses compétences, il se contentait d'assister à des réunions où son avis n'était jamais sollicité. Cette "placardisation", reconnue juridiquement comme une forme de harcèlement moral depuis l'arrêt de la Cour d'appel de Paris du 2 juin 2020, illustre parfaitement les mécanismes pernicieux conduisant au bore-out.


infographie sur les tâches ennuyeuses au travail

Les symptômes révélateurs du bore-out


L'épuisement par l'ennui se manifeste par des signes physiques et psychologiques spécifiques. Au niveau physique, les personnes touchées présentent souvent une fatigue chronique persistante, même après une nuit complète de sommeil. Dans ma pratique, je remarque fréquemment chez ces patients des troubles du sommeil, maux de tête récurrents et douleurs musculaires diffuses. Les problèmes digestifs, la perte d'appétit et les manifestations cutanées constituent également des signaux d'alerte.

Plus alarmant encore, selon l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), les personnes souffrant de bore-out présentent un risque 2,5 fois plus élevé de développer des problèmes cardiovasculaires. Ces symptômes physiques s'accompagnent invariablement de manifestations psychologiques caractéristiques : sentiment profond d'inutilité, dévalorisation personnelle, perte d'estime de soi, anxiété et épisodes dépressifs.


Au quotidien, le bore-out se traduit par des comportements spécifiques facilement identifiables pour un œil averti : procrastination, difficultés de concentration, baisse de productivité, erreurs fréquentes et désengagement professionnel. La honte et la culpabilité poussent souvent les personnes concernées à dissimuler leur situation, aggravant leur isolement social et leur souffrance. L'absentéisme ou le présentéisme, associés à une irritabilité croissante, complètent généralement ce tableau clinique préoccupant.


Comment prévenir et sortir du bore-out


Face au bore-out, différentes stratégies peuvent être mises en œuvre. Pour les personnes concernées, la première étape consiste à reconnaître le problème et à consulter un professionnel de santé. J'ai régulièrement constaté que la démarche thérapeutique combinant suivi médical et psychologique offre les meilleurs résultats. Parallèlement, engager un dialogue constructif avec sa hiérarchie et les ressources humaines s'avère souvent bénéfique pour exprimer son ressenti et solliciter de nouvelles responsabilités.


La fixation d'objectifs personnels et professionnels clairs, associée à une demande de mobilité interne, constitue une approche proactive efficace. Le développement de compétences via des formations permet également de retrouver stimulation et motivation. Dans certains cas, envisager une reconversion professionnelle via un bilan de compétences, négocier une rupture conventionnelle ou recourir au Projet de Transition Professionnelle (PTP) représente la solution la plus adaptée.

En tant qu'employeur, prévenir le bore-out implique une vigilance constante. J'ai accompagné des organisations qui ont réussi à réduire considérablement ce risque en valorisant la communication transparente, en offrant des perspectives d'évolution et en adaptant soigneusement les missions aux compétences des collaborateurs. L'instauration d'une culture d'entreprise favorisant l'initiative et la responsabilisation constitue également un puissant levier préventif.


La prévention individuelle passe par le choix initial d'un métier correspondant à ses aspirations, mais aussi par une attitude proactive au quotidien. Être force de proposition, communiquer ouvertement dès les premiers signes d'ennui et maintenir une stimulation intellectuelle constante permettent généralement d'éviter l'installation d'un bore-out. L'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, avec des activités extraprofessionnelles stimulantes, complète utilement cette approche préventive globale.



salarié qui s'ennui à son bureau en se tenant la tête

 
 
 

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