Les risques psychosociaux (RPS) représentent un enjeu majeur pour la santé et le bien-être des salariés en entreprise. Ils regroupent l'ensemble des facteurs liés à l'organisation du travail, aux relations interpersonnelles et aux conditions de travail, qui peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale, physique et sociale des employés. Ces risques peuvent se manifester par du stress, des conflits, des troubles de santé, ou encore des phénomènes plus graves comme le burn-out, la dépression ou le harcèlement.
Qu'est-ce que les risques psychosociaux (RPS) ?
La définition établie par le collège d'expertise sur le suivi des RPS mis en place par le ministre du Travail, connue sous le nom de « rapport Gollac », a été proposée en 2011 à la suite de nombreux travaux dans divers domaines (psychologie, sociologie, épidémiologie, ergonomie, etc.).:
« les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental ».
Les RPS sont liés à :
L'organisation du travail : surcharge de travail, horaires excessifs, objectifs irréalistes, manque de clarté des tâches, absence d'autonomie.
Les relations au travail : tensions avec la hiérarchie, conflits entre collègues, manque de soutien ou reconnaissance.
Les conditions de travail : environnement physique difficile, manque de moyens matériels, pressions ou menaces externes.
Les changements organisationnels : restructurations, fusions, réorganisations, qui peuvent créer de l'incertitude et de l'insécurité.
Que regroupent les risques psychosociaux
Le stress au travail : Le stress est l'un des risques psychosociaux les plus fréquents. Il survient lorsqu'il y a un déséquilibre entre les exigences de la situation de travail et les ressources dont dispose le salarié pour y faire face. Un stress prolongé peut mener à des problèmes de santé comme les troubles du sommeil, la fatigue chronique, des douleurs musculaires, ou des problèmes cardiovasculaires.
Le burn-out (épuisement professionnel) : C’est une forme d’épuisement émotionnel, mental et physique qui résulte d’un investissement intense et prolongé dans le travail. Les personnes en situation de burn-out se sentent souvent vidées, dépassées, et peuvent perdre toute motivation ou intérêt pour leur travail.
Le harcèlement moral : Il s’agit d’une forme de violence psychologique exercée de manière répétée à l'encontre d'un salarié. Cela peut inclure des remarques dégradantes, de la mise à l’écart, des pressions répétées, ou encore des humiliations.
Le harcèlement sexuel : Il se manifeste par des comportements, propos ou gestes à connotation sexuelle non désirés, portant atteinte à la dignité du salarié et créant un environnement de travail hostile ou intimidant.
Les violences internes et externes : Les violences internes désignent les conflits ou comportements agressifs entre salariés ou avec la hiérarchie. Les violences externes concernent des comportements violents venant de clients, de patients ou de partenaires externes.
Le bore-out et le brown-out : Le bore-out fait référence à un état d'ennui profond et d'inactivité au travail, souvent dû à un manque de tâches stimulantes. Le brown-out, quant à lui, est un épuisement moral lié à la perte de sens dans les tâches effectuées, lorsque le salarié ne voit plus la finalité ou l'utilité de son travail.
Les conséquences des risques psychosociaux
Les conséquences des RPS peuvent être multiples, tant pour les salariés que pour les entreprises.
Pour les salariés :
Conséquences sur la santé mentale : Les RPS peuvent entraîner des troubles comme l’anxiété, la dépression, des crises d'angoisse, des troubles du sommeil, voire des tentatives de suicide dans les cas les plus graves.
Conséquences sur la santé physique : Stress, épuisement, douleurs physiques, troubles musculo-squelettiques, problèmes cardiovasculaires ou digestifs peuvent survenir.
Conséquences sociales : Isolement, perte de confiance en soi, baisse de la qualité des relations interpersonnelles.
Pour les entreprises :
Baisse de la productivité : Le stress, le manque de motivation ou l'absentéisme liés aux RPS affectent directement la performance de l'entreprise.
Augmentation de l'absentéisme et des arrêts maladie : Les salariés exposés aux RPS sont plus souvent absents pour des raisons de santé.
Turnover élevé : Le mal-être au travail conduit souvent à une hausse des démissions et des départs.
Mauvaise ambiance de travail : Les tensions et conflits liés aux RPS dégradent l'atmosphère et la coopération au sein des équipes.
Les facteurs de risques psychosociaux
Plusieurs éléments peuvent augmenter la probabilité d'apparition des RPS au sein d'une organisation :
1 - Intensité et temps de travail (surcharge de travail, travail en horaire décalé, etc)
2 - Exigences émotionnelles (contact avec la souffrance, peur, etc)
3 - Manque d’autonomie dans le travail (ne pas pouvoir interrompre son travail, devoir interrompre une tâche pour une autre, impossibilité d’anticiper, monotonie, etc)
4 - Mauvaise qualité des rapports sociaux au travail (mauvaises relations aux collègues, à la hiérarchie, manque de reconnaissance, sentiment d’injustice, absence de possibilités de parcours professionnel, etc)
5 - Conflits de valeur (faire des choses que l’on désapprouve, qualité empêchée, etc)
6 - Insécurité de la situation de travail (précarité de l’emploi, insécurité liée à des changements permanents, à des réorganisation, etc)
Les risques psychosociaux constituent une problématique complexe qui touche de nombreux aspects de la vie professionnelle. Il est donc essentiel pour les entreprises de les prendre en compte et de mettre en place des actions de prévention efficaces. En garantissant un cadre de travail serein et bienveillant, les employeurs peuvent non seulement protéger la santé de leurs salariés, mais aussi améliorer la performance et la productivité globales de leur organisation.
Quelle prise en charge des RPS par l'Assurance maladie ?
En termes de couverture par l’Assurance Maladie, la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP) prend en charge des troubles psychosociaux (TPS) au titre des accidents du travail : 10.000 cas ont été recensés en 2016, soit 1,6% des accidents du travail avec arrêt. Le nombre de suicides reconnus en AT oscille, lui, annuellement entre 10 et 30.
Cependant, ces chiffres ne cessent d'augmenter. La progression était d’environ 10% par an de 2011 à 2014, puis de 5% en 2015. Dans un contexte général de réduction de la sinistralité au travail, la part des affections psychiques dans l’ensemble des accidents du travail aura progressé entre 2011 et 2016 de 1% à 1,6%.
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